« Yves de Montcheuil est un théologien injustement oublié aujourd’hui. On a retenu de lui sa mort admirable, on ne se souvient plus de l’influence décisive qu’il a exercée sur les étudiants des années 1940 et sur les séminaristes d’après-guerre. Son œuvre théologique se révèle aujourd’hui un des lieux de la germination qui aboutira au concile de Vatican II. De 1921 à sa mort, Yves de Montcheuil fut le grand ami du futur cardinal de Lubac pour qui sa disparition fut un drame. Les deux amis échangeaient continuellement entre eux sur tous les sujets en mouvement, en philosophie et en théologie à l’époque post-moderniste. Montcheuil fut entraîné post mortem dans la crise de 1950 et certaines de ses œuvres furent interdites. Mais il ne connut pas la réhabilitation dont a bénéficié le père de Lubac.. »
C’est ainsi qu’est résumé le livre que Bernard Sesboüé (décédé en 22 septembre 2021 à l’âge de 92 ans) a dédié à l’œuvre d’Yves de Montcheuiil, théologien jésuite fusillé avec les maquisards du Vercors dans la nuit du 10 au 11 août 1944. Paru en 2006 aux éditions du Cerf., « Yves de Montcheuil (1900-1944) » restitue la théologie personnelle d’Yves de Montcheuil et la resitue dans le mouvement de la pensée théologique du XXe siècle.
Selon Bernard Sesboüé « les apports de Montcheuil concernent l’interprétation de saint Augustin, la théologie fondamentale et la question du surnaturel, la christologie et la sotériologie, en particulier la théologie du sacrifice et la réinterprétation de la doctrine de la satisfaction, l’ecclésiologie (son livre « Aspects de l’Église » annonce le plan de « Lumen gentium »), les sacrements et en particulier l’eucharistie sur laquelle il préparait son premier ouvrage de fond ».
Il évoque aussi l’enseignement spirituel d’un homme qui mit toujours son existence et son agir en plein accord avec ce qu’il disait.
Car Yves de Montcheuil s’adressa à un public non spécialisé ; en écrivant « Leçons sur le Christ« , « Aspects de l’Église » et « Problèmes de vie spirituelle », il s’adapta à ses lecteurs comme il aurait aimé qu’on s’adapte à lui au cours de ses longues années de formation. Dans un style solide et carré, il fournit à ses lecteurs une présentation du mystère chrétien parfaitement adaptée à ce qu’ils vivent : ses écrits font du Christ un compagnon de route sans amoindrir d’autant sa stature divine.
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