Deux communautés jésuites vivent à Saint Denis, au cœur des cités. Elles ont invité leurs amis et collaborateurs, dont la Fondation de Montcheuil et des associations soutenues par elle, à se rencontrer et à découvrir la ville.
Le 7 janvier, soixante « jésuites et amis » se sont retrouvés à Saint Denis pour partager, échanger, prier, mieux se connaître et découvrir la ville. Les compagnons des deux communautés de Saint Denis étaient là (Communautés Saint Alberto Hurtado et Saint Pierre Claver, bien sûr, ainsi que des amis prêtres du secteur (photo de l’église St Denis), des membres des EAP (équipes d’animation pastorale) des paroisses où nous intervenons, des habitants qui se retrouvent dans notre spiritualité, des bénévoles et salariés des associations et œuvres où interviennent les compagnons : CISED, CERAS, ARPEJ (aide aux devoirs), ALPHADEP (alphabétisation d’adultes), Scouts et Guides de France. Ajoutons y des membres du groupe Gospel nouvellement créé par Louis Lorieux, ainsi que les jeunes juristes qui, tous les samedis, rencontrent sur rendez-vous ceux qui ont besoin d’être accompagnés dans des démarches administratives, juridiques, fiscales ou contentieuses.
Découvrir Saint Denis solidaire
Réunir tous ces intervenants qui, souvent, ne se connaissent pas entre eux : le pari n’était pas gagné. Tous sont très occupés… Pari gagné pourtant ! La matinée a été consacrée à des rencontres en six lieux différents : CISED, crèche associative, CERAS, paroisses, entreprise d’insertion… Répartis en petits groupes, nous avons pu faire connaissance et découvrir un Saint Denis solidaire, inventif, multiculturel et dynamique du fait de la jeunesse de sa population, mais aussi demandeur face aux difficultés du quotidien, au chômage, à la pauvreté, aux trafics en tous genres. Réunis en fin de matinée dans la salle paroissiale, nous avons écouté Christine Bellavoine, sociologue, brosser le tableau économique et social de la ville : on découvre une agglomération en pleine mutation, proposant de nombreux emplois qualifiés, mais peu aux habitants qui sont, en grande majorité, issus des classes populaires. La ville est productrice de richesse, mais appauvrit ses habitants. On note aussi l’utilité du service public pour maintenir la cohésion sociale, malgré ses faiblesses. Bref, on prend conscience de l’immensité des besoins et du défi que représente la situation décrite.
Témoignages stimulants
Deux témoignages ont complété ce tableau. Celui d’une élue municipale, retraçant les étapes de son itinéraire depuis sa Guadeloupe natale : l’accueil reçu ici de la part d’amis communistes ou chrétiens, la militance associative, d’abord à l’ACE puis dans le quartier, l’ACO, et l’acceptation d’un mandat électif. Témoignage décrivant la même réalité que l’exposé précédent, manifestant une volonté intacte de ne pas baisser les bras. Puis un jeune quadra, père de famille, raconte le choix qu’ils ont fait, avec son épouse, de vivre à St Denis, où il dirige une entreprise d’insertion dans les métiers du bâtiment. Nous avons perçu le courage d’une famille résidant dans une copropriété aux prises avec un trafic de drogue et ses conséquences pour les habitants : insécurité, bruits, menaces indirectes et parfois directes… Un courage finalement payant, puisque la mobilisation des habitants à fait prévaloir le droit contre les dealers. L’émotion était palpable. Force et densité d’une parole forgée dans l’épreuve et la lutte mais aussi par tout ce qui a pu conduire au dénouement final : construction d’un relationnel de proximité, liens forts avec tous les voisins unis malgré les barrières culturelles, linguistiques, sociales, soutien de tout un voisinage, interventions auprès des institutions.
Echanges riches et fructueux
Les échanges se sont poursuivis en groupes : occasion de croiser nos regards sur cette ville et de mettre en commun les « perles » recueillies le matin. Ce 7 janvier, nous avons essayé, en Eglise, entre compagnons, amis et collaborateurs, de jeter un regard de contemplation, à la manière d’Ignace, sur cette ville où nous vivons et intervenons. Une ville populaire complexe et décomplexée, où le meilleur côtoie le plus inquiétant, où la population souffre mais invente en permanence les moyens de s’affranchir. Une ville dans laquelle il y a du monde dans les mosquées et dans les églises et où la recherche du sens passe nécessairement par la solidarité. Une ville où il fait bon vivre et agir…Le 7 janvier a été une belle journée !
Host-Henri du Roure
> Source : Jésuites / Nouvelles de la Province de France / Printemps 2017
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