La Fondation de Montcheuil soutient depuis ses débuts la websérie Clameurs, inspirée de l’Enyclique « Laudato Si » du Pape François. La revue d’écologie intégrale Limite a interviewé son jeune réalisateur, Martin de Lalaubie.
Limite – Martin, tu es réalisateur et tu travailles pour le CERAS et la revue Projet. Comment en es-tu venu à l’engagement écologique ?
Martin – Je n’ai pas l’impression d’être arrivé à l’écologie à un moment précis suite à un évènement ou une rencontre. C’est plutôt comme si elle était là, dès le départ, dans la façon dont mes parents m’ont appris à habiter le monde par l’éducation et la foi qu’ils m’ont transmises. Le scoutisme aussi, indissociable de mon éducation, m’a permis de construire une relation personnelle avec la nature grâce à la place et au rôle qu’il lui donne dans sa pédagogie. Ensuite, ma relation à l’écologie est devenue engagement au moment où en grandissant, j’ai pu me rendre compte que ce qui avait pu être évident jusqu’ici (sobriété, respect de la nature, accueil de l’autre…), ne l’était pas pour tous et surtout n’était ni le modèle, ni le chemin que notre société proposait. Il y avait donc des personnes à convaincre, des causes à défendre, des idées à porter !
L – Ta chaîne Youtube est intitulée Clameurs, en référence à un paragraphe de Laudato Si’. Pourquoi reprendre ce mot ? Faut-il faire plus de bruit pour l’écologie ?
M – En étant autant un cri de joie qu’une plainte, une souffrance ou une colère, les clameurs illustrent bien les tensions qu’affronte l’écologie. Des êtres humains souffrent, la terre s’asphyxie, les inégalités nous révoltent et pourtant nous devons faire le pari de la joie, autant comme horizon que comme moteur. Il y a un côté pluridimensionnel dans ce terme qui me parle beaucoup. Il résume simplement et poétiquement toute cette question essentielle du lien entre crise sociale et environnementale portée, entre autres, par le Pape.
Ce n’est pas tant faire du bruit pour l’écologie qui est essentiel, que de permettre aux clameurs d’être entendues par nos contemporains. Les clameurs, quand on les écoute avec sincérité, nous touchent au plus profond et nous invitent au mouvement. On sait dès lors pourquoi nous faisons les choses et transformons nos modes de vie. Ce n’est plus une injonction extérieure (sociale, politique ou scientifique) mais un acte de conviction profond qui nous devient indispensable.
L – Quel message veux-tu faire passer à travers ces vidéos et à qui t’adresses-tu ?
M – Si les spectateurs ne devaient retenir qu’un message, c’est que les clameurs nous entourent mais qu’on ne les entend pas nécessairement. Cette websérie est une invitation à se mettre en posture d’écoute et d’attention, à se laisser toucher pour être transformé. Avec ce travail, je souhaite montrer aux personnes sensibles aux questions écologiques, que le catholicisme, les religions, les spiritualités ont des choses à apporter à ces causes. De par leur regard, leurs expériences, leurs messages. Et dans le même mouvement, je souhaite aider les catholiques à prendre conscience que ces questions écologiques et sociales sont inhérentes à notre foi. On ne peut se contenter d’une relation verticale et personnelle avec Dieu. Si nous croyons au message évangélique, alors nous ne pouvons nous satisfaire du monde tel qu’il est et là où il va. Nous devons agir et nous engager sur les enjeux socio-environnementaux.
L – Au-delà des thèmes purement environnementaux, tu consacres des vidéos au handicap, à l’exclusion, etc. L’écologie ne se limite donc pas aux questions liées à la « planète » ?
M – Nous avons fait le pari qu’en écoutant les exclus, les précaires, nous pourrions écouter autrement les souffrances de notre monde. Autrement dit, que la clameur des pauvres nous aide à entendre la clameur de la terre. Leurs expériences de vie radicales sont uniques et leurs témoignages nous aident à déplacer notre regard sur notre société, à mieux la questionner pour, évidemment, mieux la transformer.
L – En plus des reportages et des interviews, tu diffuses une fiction où l’on suit trois personnages dans leur quotidien. Pourquoi ce choix ?
M – Cette fiction s’intitule « A la maison commune », évidemment en référence au sous-titre de l’encyclique : « Sur la sauvegarde de notre maison commune ». L’idée était de toucher un public plus large en jouant sur un format court adapté aux réseaux sociaux, mais surtout de faire prendre conscience aux spectateurs que ces grandes thématiques – que les fictions ont pour rôle d’introduire – nous concernent et peuvent se retrouver dans notre quotidien à l’intérieur de chez nous. L’écologie est donc une question de la vie quotidienne.
> Lire l’intégralité de l’interview de Martin sur le site de la Revue Limite
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