La Fondation de Montcheuil est heureuse d’aider Sébastien Carcelle, jésuite et ingénieur agronome de formation, dans l’élaboration de sa thèse en agroécologie, et dans son travail de terrain auprès des agriculteurs familiaux . Par ce rapport d’activité, Sébastien tient à remercier les donateurs pour leur générosité !
« Il est nécessaire d’avoir des espaces de discussion où tous ceux qui, de quelque manière, pourraient être directement ou indirectement concernés (agriculteurs, consommateurs, autorités, scientifiques, producteurs de semences, populations voisines des champs traités, et autres) puissent exposer leurs problématiques ou accéder à l’information complète et fiable pour prendre des décisions en faveur du bien commun présent et futur. Il s’agit d’une question d’environnement complexe dont le traitement exige un regard intégral sous tous ses aspects, et cela requiert au moins un plus grand effort pour financer les diverses lignes de recherche, autonomes et interdisciplinaires, en mesure d’apporter une lumière nouvelle ».
Le nord de l’Etat de Minas Gerais au Brésil correspond à la zone semi-aride du sertão qui s’étend à l’intérieur du pays et jusqu’au nordeste. Cette région principalement tournée vers l’agriculture est marquée par des conflits violents d’accès à la terre et par l’accélération de la sécheresse du fait du changement climatique. Aussi, les familles d’agriculteurs traditionnellement installées dans cette zone doivent lutter contre les grands projets de l’agronegócio prédominant au Brésil, ici des plantations gigantesques d’eucalyptus, et trouver des stratégies d’adaptation pour survivre.
L’agriculture familiale y est pratiquée sur des petites surfaces (3 à 4 ha de verger et potager) pour produire des denrées alimentaires consommées sur place ou vendues dans des circuits locaux de distribution. L’enjeu social du maintien de ces agriculteurs est décisif quand on connaît les conditions de ceux qui ont dû fuir vers les favelas dans les périphéries pauvres des grandes villes du pays. Mais il s’agit aussi d’un défi technique pour produire une alimentation saine et bon marché dans des conditions durables.
L’ensemble de ces aspirations sociales, politiques et écologiques définissent un autre modèle agricole, celui de l’agroécologie, pour lequel le Brésil est également mondialement reconnu. C’est dans ce contexte que se situe mon travail de recherche afin de recueillir et comprendre les pratiques et savoirs agronomiques inédits qui circulent dans cette région. Agronome de formation, j’ai fait le choix de suivre des agronomes et des techniciens agricoles du Centro de Agriculture Alternativa de Norte Minas (CAA-NM) en les accompagnant dans leurs déplacements et dans les formations qu’ils peuvent donner dans toute la région auprès des producteurs familiaux. Mon objectif est ainsi d’étudier l’agroécologie, non seulement comme mouvement social, mais également comme science en gésine faisant appel à la fois à des savoirs traditionnels et à des innovations inédites, telle que l’homéopathie appliquée aux plantes, aux animaux, aux sols cultivés ou même pour traiter l’eau polluée.
Durant les premiers mois de mon enquête de terrain, j’ai donc pu sillonner la zone semi-aride du nord de Minas et effectuer plus de 15 000 Km en bus en 8 mois grâce à la bourse de la Fondation de Montcheuil. Merci à tous pour votre générosité !
> Photos : © Sébastien Carcelle
> En savoir + sur son activité : « Sébastien Carcelle, pour un monde plus végétal » – La Croix
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