Le Pape exhorte les laïcs à être en première ligne dans les réalités de la vie pour y être ferment de justice. Un défi ? Le nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans être diplômés et sans qualification…
Les 25 écoles de production offrent en France une réponse en proposant à des jeunes de 15 à 18 ans des formations qualifiantes et insérantes basées sur une pédagogie du faire pour apprendre. On y apprend un métier en fabriquant des produits ou en proposant des services, pour répondre à de réelles commandes clients. Jean-Luc, bénévole, nous aide à entrer dans son quotidien fait d’innovation et de patience.
« Ils sortent de l’école avec un vrai métier et le CAP. »
L’Ecole de Production de l’ICAM (EdP) est à la fois Ecole et Entreprise. Elle s’adresse à des jeunes qui ne peuvent pas entrer dans le système scolaire classique, en leur proposant une pédagogie originale. Ces jeunes fabriquent des pièces qui sont vendues à de vrais clients et faisant cela, ils se forment en même temps au CAP d’usineur ou de chaudronnier. Le public est très varié : décrocheurs scolaires, jeunes placés par la PJJ, migrants… Au bout du compte, ils sortent de l’école avec un vrai métier et le CAP.
On ne peut gérer une classe composée de ces jeunes comme nous l’avons vécu au collège : certains sont venus là parce qu’ils ont rejeté ce type d’apprentissage ou ont été rejetés par lui. D’autres ont des problèmes de comportements : difficultés avec l’autorité, attitudes provocatrices, incapacité à intégrer des règles. Pour les migrants, outre une histoire très lourde pour beaucoup, des difficultés avec le français.
Le principe jésuite : « prendre le jeune où il est pour l’amener où il peut aller » est la règle de l’EdP.
Sa mise en œuvre est une aventure passionnante. Ici on ne risque pas la routine ! Les maths ne sont pas une matière à étudier mais un moyen pour apprendre à être. Je me souviens de mes premiers cours, avec une classe de 5 ou 6 élèves : l’impression d’être un funambule à 50 m de haut. Et quelle école d’humilité ! Mon cours a bien marché aujourd’hui, chouette j’ai trouvé la méthode! … J’applique la même la semaine suivante : badaboum c’est le flop ! Il faut donc trouver un autre moyen… être créatif en permanence !
Cette année nous avons accueilli beaucoup de migrants. Dès le premier cours on a remarqué que des jeunes manquaient de bases en maths : ils ne savaient pas quand utiliser les opérations ; après 0,99, il y a 0,100… Impossible de les laisser avec des élèves de niveau 4°. On les a sortis du cours pendant 2 mois pour leur donner ces bases. Dans mon groupe, j’ai récupéré un de ces jeunes qui suit parfaitement le rythme.
A leur sortie de l’école, on s’est aperçu qu’ils étaient trop livrés à eux-mêmes, au risque de replonger. On a trouvé des partenaires qui les aident à trouver un emploi en lien avec l’EdP. S’il leur faut un moyen de transport pour qu’ils puissent travailler en 3 huit ? On leur fait passer le permis scooter.
Avec d’autres EdP, nous travaillons sur une méthode d’apprentissage des maths qui rende ces élèves plus acteurs. Cela a des conséquences sur l’évaluation, comment établir le lien entre les maths et l’atelier…
Les jeunes dits « à problème » ont très souvent un grand doute d’eux-mêmes : on leur a trop répété : « Tu n’arriveras à rien », alors ils le croient. Il faut donc les aider à retrouver confiance en eux. L’école de production met en place tout un tas d’outils dont la création de micro- entreprises par les élèves, actions auprès d’autres jeunes…
Quelques années plus tard, en voyant ce qu’ils sont devenus, en les écoutant témoigner de leur parcours devant les jeunes élèves, je rends grâce au Seigneur d’avoir pu les rencontrer : il m’ont tellement apporté ! »
Jean-Luc Forcet
> En savoir + sur les écoles de production avec le CRJI Rhône-Alpes (vidéo)
> Soutenir les écoles de production via Loyola Formation et la Fondation de Montcheuil
> Source : site du Réseau Mondial de Prière du Pape
> Photo : © ICAM Toulouse