La mission de JRS France – accompagner, servir et défendre – se traduit en deux objectifs : garantir un accueil digne des demandeurs d’asile et servir de tremplin pour faciliter l’intégration des réfugiés. La Fondation de Montcheuil soutient les programmes de formation des jeunes et partage avec vous un émouvant récit de rentrée d’un jeune adulte de 20 ans qui a quitté son pays à 15 ans et n’avait fréquenté que l’école primaire.

Kola a quitté le programme Welcome à la fin de l’été. Il est désormais en formation dans un lycée horticole où il prépare un CAP en 2 ans. Découvrez sa nouvelle vie, son parcours et ce qu’il dit de JRS Welcome. Enfant, Kola n’aimait pas l’école : « quand tu es petit, tu ne sais pas ce qui est bon pour toi, mais en grandissant tu sais. Maintenant je vois que c’est utile ». A 20 ans, il vient de faire sa rentrée en CAP horticulture au Lycée horticole de Pressin à Saint-Genis-Laval. Lorsqu’il évoque sa rentrée, qui a suivi un été marqué par de nombreux déplacements en France, à la rencontre de ses amis, Kola raconte : « en revenant, je me suis dit « maintenant je vais être stable », j’ai acheté mes fournitures puis le jour de la rentrée Marie-Pierre m’a accompagné avec tous mes bagages et les fournitures. On nous a accueillis et on m’a amené jusqu’à ma chambre. Sur la porte était écrit mon nom : Kola Diallo. J’ai tout rangé et classé dans ma chambre et le lendemain les cours ont commencé. Notre professeur principal nous a expliqué comment ça allait se passer. Ça se passe bien et je suis très content ».

Alors les cours, pas trop difficile Kola ? Non visiblement : toutes les matières lui plaisent, avec un petit faible pour l’horticulture et le Français, « pour continuer à mieux parler ». La matière où il a le plus de difficultés, c’est l’Anglais… il aimerait trouver quelqu’un qui puisse l’aider dans cette matière (et aussi en maths) hors des cours* comme d’autres l’ont fait pour le Français par le passé. Et Kola de souligner notamment l’aide apportée par Pierre, un jésuite du Chatelard (son dernier lieu d’accueil Welcome pendant l’été) qui lui a fait travailler son Français presque tous les jours ou encore Claude, ce Monsieur de 94 ans, chez qui il a passé un mois et qui est devenu son ami. Les conseils de Claude et Pierre lui sont encore utiles aujourd’hui affirme Kola. Il aime l’étude obligatoire, tous les soirs de 17h à 19h au lycée, mais garde aussi ses habitudes d’autodidacte, apprenant sur internet, en lisant et en regardant des vidéos. Déjà à 15 ans au Mali, juste après avoir quitté son pays, la Guinée, il avait commencé à apprendre le Français en regardant par-dessus l’épaule d’un compatriote qui étudiait tous les soirs.

Arrivé en France le 9 décembre 2018, avant d’intégrer le programme Welcome début octobre 2019, Kola vit au squat de l’ancien collège Maurice Scève à la Croix-Rousse (Lyon). Il fréquente alors déjà régulièrement l’accueil Sésame du Secours catholique où il est bénévole : « j’ai participé à la fresque murale, au jardin, et puis on a fait 206 kilomètres sur le chemin de Compostelle ». Et partout où il passe, Kola crée des relations : c’est l’une des choses les plus frappantes chez lui, ce don pour entrer en relation et entretenir les liens créés. Grâce aux amitiés tissées au sein de JRS mais aussi avec des habitants de la Croix-Rousse et au Secours catholique, il a déjà parcouru la France, pour participer à tel ou tel événement ou retrouver ceux avec qui il a lié amitié. Il a ainsi découvert Marseille, Nice et Cannes, Paris, Chambéry, le Jura, l’Ardèche, Toulouse, les Pyrénées… Outre son talent pour les relations, ce qui frappe chez Kola, c’est aussi sa capacité à analyser ce qu’il vit et à l’énoncer clairement et simplement : « Je prépare ma vie. Maintenant que j’ai décidé, ma vie ce sera l’horticulture. Je sens que j’aime ça. C’est quelque chose qui est sur la nature. Ce qui est bien aussi, c’est que ça chasse les soucis qui sont l’ennemi. On est concentré sur ce qu’on fait, on est avec la nature, on a l’espace et le temps. C’est mon futur métier ». La vocation de Kola est pourtant récente : « Au début, quand j’étais en France, mon rêve c’était d’être plombier ou de travailler dans le bâtiment. Mais, un jour j’ai planté une graine d’avocat, ça a poussé. Ensuite, avec mon amie Marie-Pierre, on a acheté d’autres plantes, j’ai vu que ça poussait, tout le monde venait voir mes plantes, c’était très joli, tout le monde m’a dit que j’avais la main verte ».

De fil en aiguille, toujours grâce aux amitiés et relations tissées au fil des jours, Kola fait deux stages dans les serres du Parc de la Tête d’Or à Lyon. C’est là qu’on lui parle de la possibilité de faire un CAP, ça l’intéresse, alors, aidé par plusieurs personnes, il cherche un établissement qui accepterait de l’accueillir. Après un premier échec, rendez-vous est pris avec le directeur du Lycée de Pressin. L’endroit et l’accueil lui plaisent, il remplit le dossier de demande d’inscription, puis commence l’attente de la réponse : « je n’étais pas sûr que ce serait possible ». C’était le moment du confinement, tout était plus compliqué. Kola attend et s’inquiète un peu mais il est déterminé : il demande qu’on lui prête des livres pour commencer à étudier. Et l’attente de la réponse se poursuit. Et enfin, la certitude de faire sa rentrée en septembre : »quand j’ai reçu la liste des fournitures, je me suis dit : cette fois c’est sûr. J’étais content ». De JRS Welcome, Kola garde un réseau d’amis. Bien sûr, désormais on le verra moins à la permanence ou aux activités de JRS jeunes, mais à la moindre occasion, il est là et il garde des liens avec les familles et communautés qui l’ont accueilli pendant ses 10 mois* à Welcome. Nul doute qu’il est l’un des meilleurs agents publicitaires du programme : « Si tu es étranger dans un pays que tu ne connais pas, avec chaque famille d’accueil tu peux perfectionner la langue, échanger des idées, découvrir la culture. Chaque famille a sa manière de vivre, sa culture. Ma culture est différente de celle des familles et en parlant on peut découvrir la culture de l’un et de l’autre. »

Comment se rêve Kola à 40 ans ? « Mon premier rêve c’est d’avoir une famille, c’est pour ça d’abord que je fais tout ça. Si j’ai la possibilité, je voudrais aussi aider les autres, ça fait aussi partie de mon projet ».